mercredi 28 novembre 2007

Jour 19 Le Caire par Denis Pelletier

Nous partons dans quelques heures pour Rosette et Alexandrie. Très beau voyage mais tous ont hâte de vous revoir... xxx CJ

Notre arrivée au Caire
Nous entrons au Caire par le Ring, une sorte de boulevard métropolitain. Nous avançons avec difficulté. Nous passons devant l’école militaire et le ministère de la sécurité. On ne peut s’empêcher d’apercevoir un peu partout des guérites avec des soldats qui surveillent le fusil à l’épaule. C’est alors que les girls de notre bus se sont mises à envoyer des bisous et des bye bye. Les sentinelles ont perdu vite leur mine renfrognée pour faire voir un sourire amusé et répondre eux aussi par des salutations !
Cela fait du bien après des jours de contrôle à se faire demander notre passeport.
Nous continuons d’avancer en rang serré dans un trafic fou. Aziz, notre guide ne
peut dire « quand « nous arriverons à l’hôtel. Des minutes égyptiennes. Inch Allah.
C’est cela le Caire : une improvisation continue dans une ville de 18 millions d’habitants, sans compter les brebis, les ânes, les chameaux qui se promènent dans les rues. Les passants s’enfilent dans les moindres brèches qui s’ouvrent entre les autos, les charrettes et les camions. On ne roule pas. On klaxonne.
C’est énervant, bruyant et désorganisé.

Nous roulons toujours sur le ring, mais s’installe maintenant en nous l’impression d’un monde inachevé : des blocs appartements de 4 ou 5 étages avec des briques rouges rugueuses, avec des murs extérieurs non finis, avec des ouvertures sans cadre qui tiennent lieu de fenêtre, avec des toits qui se terminent par des tiges métalliques qui sortent hisurtes des bâtiments comme si les travaux étaient suspendus. Ici dans cette banlieue on ne finit pas les maisons. On évite ainsi les taxes, et sans elles pas de collecte des déchets.
Ils sont jetés dans le canal ou s’entassent dans les cours arrière.

Cela saute aux yeux, le Caire c’est le territoire des vivants et non pas des morts… A ce point que 200 milles cariotes ont élu domicile dans les cimetières anciens. Le Caire c’est aussi l’intelligence des hasards et l’excitation du désordre.

Tout peut arriver et c’est pour cela qu’on s’intéresse au Caire. El Cairo, qui signifie historiquement la victorieuse pourrait dans son vécu d’aujourd’hui revendiquer le mot grec Kairos qui veut dire improvisation, impossibilité de prévoir et qui défait le temps planifié (chronos). Cela veut dire un lieu où saisir l’occasion, où vivre l’instant et se débrouiller avec les moyens du bord.

Ce n’est pas tout le Caire bien sûr. Il y a aussi le vieux Caire et ses églises coptes, ses mosquées Mohammed Ali et El-Azhar, la citadelle et aussi tout
Le nouveau centre avec ses hôtels de prestige sur le bord du Nil.
Le Caire c’est aussi et surtout son musée avec les grandes richesses de Ramsès et surtout de Toutankhamon. Mais ce qui restera de notre visite en ce lieu c’est son encombrement, son débordement d’artefacts et d’objets précieux et surtout ce bruit de fond où s’entremêlent toutes les langues des nombreux touristes et interprètes.
Cela nous remet en perspective la manière Kairos de visiter ce fabuleux musée.
Pour tout dire j’y ai trouvé chose improbable une rencontre fortuite avec une jeune femme toute voilée qui m’a regardé avec des yeux rieurs qui m’ont fait comprendre que le noir n’éteint pas la vie.
Le Caire c’est aussi le bazar Khan El-Khalili dans lequel on peut se perdre et se retrouver et où on doit jouer à la négoce et tout heureux tel Clément ramener sa trouvaille.

Le Caire c’est tellement vivant !
Denis Pelletier

3 commentaires:

Florian Jutras a dit…

Bonsoir Denis,

Le dramaturge devient philosophe: "Le noir n' éteint pas la vie" Il faut encadrer cette phrase, la mettre en exergue aux publicités de la commission des accommodements raisonnables. Et que dire du "kairos", cette philosophie de l'instant qui fait primer l'acte d'exister sur l'essence des choses, l'agir sur les idéaux et les principes, la correcte conduite sur la morale institutionnelle, la joie de l'instant sur les horaires, l'imprévu et l'impromptu sur l'itinéraire... Sartre n'aurait pu dire mieux.

Que le plaisir de la découverte vous accompagne et continuez à nous le raconter de si belle façon. "Bonum suum diffusivum est!" Traduction québécoise: Quand on a le coeur plein, ça déborde de partout!

Florian

Gilles Jutras a dit…

Bravo Denis pour ton texte sur Le Caire... Un autre texte intéressant et impressionnant c'est à croire qu' il ne reste plus de poète au Québec. Dépêchez vous de revenir, car c'est relativement drabe de ce temps-ci.

Nous avons bien hate également de voir la nouvelle trouvaille de Clément tu aurais pu Denis nous donner quelques indices

Bonne fin de voyage

Gilles Jutras

Unknown a dit…

À Carmen, Lucie et aux deux Denis... à l’ensemble du groupe ! Votre périple tire à sa fin et j’en ai un pincement au coeur ! Pincement car on vous retrouvera bientôt dans notre quotidien enneigé alors que vous arriverez du bout du Monde... vous serez imprégné de toute son Histoire, images et anecdotes en sus. De toute évidence, vous avez fait des rencontres mémorables, vous avez vécu des émotions intenses. De par vos récits, nous avons pu voir de fabuleux paysages, on a senti la chaleur du désert et l'air de la Mer, on a bien sûr imaginé les populations croisées sur votre chemin... on a très hâte d’en savoir davantage, hâte de vous écouter ! Dans quelques jours, vous vous séparerez de vos guides et interprètes, de vos compagnons de voyage... de-là aussi mon pincement au coeur ! Il est possible que vous ayez hâte de rentrer pour prendre un recul de tout cela, de vous reposer aussi ! Certains d’entre vous auront sans doute le choc du retour... retour dans la réalité du Québec, à quelques semaines à peine du Temps des Fêtes : ouf ! Je vous souhaite une belle traversée de l’Atlantique et on a tous hâte de vous prendre dans nos bras ! Je vous embrasse ! Marie-Andrée